02/11/2020
La photographie aérienne est un exercice un peu particulier pour les non-initiés. Il faut appliquer certaines des astuces que j'ai fourni dans mon article 10 astuces pour réussir ses photos de coucher de soleil comme un pro mais il faut également tenir compte d'un certain nombre de paramètres très importants !
Voici mes astuces et conseils pour optimiser votre session de prises de vues aériennes.
Pour être plus flexible et pouvoir soigner votre cadrage il faut privilégier les zooms. L'objectif idéal selon moi est le 24-70, mais le 24-105 peut tout à fait faire l'affaire. L'UGA (de 10 à 16mm) est, à mon goût, inutile en avion, et les longues focales (70 à 200mm) peuvent être intéressantes mais dans des prises de vues très spécifiques.
Voici deux photos prises à quelques secondes d'intervalle à deux focales différentes, vous comprenez pourquoi il est intéressant d'avoir un zoom ? L'avion n'aurait pas pu descendre assez rapidement pour prendre ces deux photos en focale fixe.
La conche du Mimbeau au Cap Ferret à 24mm
L'entrée de conche du Mimbeau au Cap Ferret à 70mm
Pour vos session aériennes, il faut utiliser un filtre polarisant et ce pour plusieurs raisons :
Exemple d'utilisation du polarisant pour atténuer le reflet du soleil sur la conche et les parcs
Oubliez le mode manuel, le maitre-mot de la photo aérienne c'est rapidité ! Il faut être le plus efficace possible et assurer d'avoir la bonne photo au bon moment. Impossible de passer plusieurs secondes à régler l'appareil entre chaque photo.
Personnellement je règle mon appareil de la façon suivante :
L'île aux oiseaux vue du ciel
Pour mes photos aériennes, je shoote en rafale. Par vague de 3 images minimum jusqu'à 7 photos. Cela permet d'être certain d'avoir au moins une photo nette sur la série (pour peu que la mise au point et que les réglages soient bons). En photo de paysage classique, pour éviter le flou de bouger, on utilise un trépied et une télécommande ou à défaut le retardateur de l'appareil. Mais en avion le retardateur est à proscrire, c'est pourquoi il faut privilégier la rafale.
Je vous conseille également une carte haute performance avec un grosse capacité. J'utilise une carte CF (Compact Flash) de 32Go que je remplis à chaque vol d'une heure.
Par exemple, j'essaye d'intégrer un bateau (qui navigue ou au corps-mort) dans mes photos afin, en quelque sorte, de donner l'échelle de la photo. Certaines prises de vues à la verticale donnent des résultats abstraits. En intégrant un oiseau, un bateau, un autre avion ou encore une personne qui marche, permettent à la personne qui observe la photo de se rendre compte de la taille des éléments et améliore la lecture de la photo (ou tout simplement l'intérêt de la photo).
Sans l'oiseau, cette photo aurait une tout autre lecture, l'oiseau permet de donner de la profondeur.
La plupart des pilotes ont des offres "découverte" d'une quinzaine de minutes. Si vous n'avez jamais volé, je vous conseille fortement de faire un petit vol de test. Il est très courant d'être malade en avion et encore plus lorsque l'on regarde à travers l'oeilleton.
Un petit vol de 15 minutes (avec l'appareil si vous le souhaitez), vous garantira que vous n'êtes pas malade et vous évitera de payer une prestation plus chère de prises de vues alors que vous n'êtes pas en état.
Backstage d'un vol en ULM pendulaire
La photographie aérienne est beaucoup plus onéreuse que la photographie de paysage classique. Il n'est pas possible de partir à l'aventure sans savoir avant ce que l'on veut faire. Il faut éviter de rentrer bredouille ou de perdre du temps. En effet un vol professionnel pour des photographies se paye à la minute, chaque détour vous coûte de l'argent.
Sans pour autant établir un plan de vol professionnel, prévoyez les endroits que vous souhaitez photographier et prévenez votre pilote en amont pour qu'il voit comment s'organiser. Par ailleurs, ce dernier vous apportera des conseils sur les créneaux idéaux pour prendre ces photos, ou sur l'ordre de passage idéal.
Soyez directif et sachez ce que vous voulez faire, votre vol n'en sera que plus optimal. Si vous souhaitez dépasser les limites, le pilote vous dira que ce n'est pas possible, alors n'hésitez pas à lui indiquez vos désirs.
Pour la photographie de paysage, je préconise de sortir tôt le matin ou tard le soir, mais en avion cette règle n'est pas vraie. En effet, vous n'allez pas shooter avec un trépied, vous allez être en mouvement, il vous faut une quantité de lumière suffisante pour avoir des vitesses de déclenchement assez rapides. À moins de vouloir spécifiquement photographier le lever et le coucher du soleil, je vous conseille de voler 1 heure après le lever du soleil minimum et 1 heure avant le coucher du soleil. Après cela dépend surtout de votre expérience. Personnellement, pour du paysage marin, je trouve qu'entre 9h et 11h on est bien, ainsi qu'à partir de 15/16h (à adapter en fonction de la saison).
Autre point sur lequel il faut changer sa façon de penser, la météo ! Ne cherchez pas les nuages, il faut privilégier un ciel bleu avec quelques nuages pour créer des ombres sur le sol c'est le top. Ainsi vous aurez une belle lumière et vous aurez plus de marge de manoeuvre pour capturer vos photos aériennes.
Enfin, évitez les contre-jours. Si comme moi vous êtes adepte des levers et couchers de soleil, vous savez gérer les contre-jours (en bracketing, en sous exposant la photo ou tout autre technique) mais en avion tout est différent. Déjà il est difficile de bracketer (prendre plusieurs photos à des expositions différentes et de les mélanger), c'est possible, mais cela va nécessiter beaucoup de boulot pour les aligner et espérer un assemblage harmonieux. D'autre part, le voile atmosphérique va compliquer votre traitement, et il sera difficile de rattraper proprement les zones sous/sur-exposées tout en gérant la perte de contraste. Là encore ce n'est pas impossible, mais il faut être conscient de la complexité.
Vol programmé au dessus de la Dune du Pilat et du Banc d'Arguin
Comme je vous l'ai dit, la plus part du temps vous allez payer à la minute. Si les conditions ne sont pas bonnes, il vaut mieux écourter la session. Forcer la chance ne vous apportera rien de bon. Autant payer moins et faire une autre session à un autre moment.
Les dernières versions de Lightroom proposent un outil vraiment utile pour gérer la pollution atmosphérique : la correction du voile. Ce serait dommage de faire sans alors que cet outil fait des merveilles en quelques clics.
Slider correction du voile
Souvent les photographies aériennes sont très contrastées et colorées. Mais avec le voile atmosphérique elles tirent sur le bleu. Ajouter du contraste et surtout de la saturation accentue ce bleu et donne un look un peu old school aux photos aériennes, alors soyez léger sur les manettes et traitez léger.
Personnellement j'aime beaucoup sur-exposer légèrement la photo, ensuite traiter ma photo normalement, puis aller gérer saturation/contraste par couleur, cela permet d'avoir une gestion très propre sans pour autant avoir des bleus sur-saturés et baveux.
Saturation par couleur
Voilà, vous avez les clés en main pour réussir vos premiers vols et surtout les prises de vues aériennes que vous ferez ! Alors vous ne deviendrez pas Yann Arthus-Bertrand en un vol, mais vous verrez que ce n'est pas si difficile de faire de belles photos aériennes pour peu que l'on applique ces quelques principes.